Publié le 8 avril 2010
Alors que l’hypothèse d’une nouvelle confrontation avec le Hezbollah et le Hamas est régulièrement évoquée, l’armée israélienne vient de dévoiler son système anti-missiles destiné à la protection des tanks et blindés de son infanterie. Une première fois testé lors de la deuxième guerre du Liban, « Trophy » est depuis retourné dans les laboratoires de Rafael où il a subi de nombreuses améliorations. Le système doit prochainement être installé sur un régiment de Merkava-4, soit environ 36 chars.
Dernièrement, le commandement nord de Tsahal révélait qu’en 34 jours de conflit avec le Hezbollah en 2006, une demi-douzaine de tanks israéliens avaient été détruits par des mines ou des roquettes « Kornet 9M133 », de fabrication russe. Au sein de l’OTAN, ces missiles sont connus sous l’appellation « Sprigaan ». A l’époque, ils sont parvenus aux mains de la milice chiite via la Syrie.
Au Sud-Liban, les « Kornet » ont endommagé une trentaine de chars « Merkava » même si, du fait de leur blindage performant, la plupart sont restés opérationnels. Très mobiles, les unités anti-tanks du Hezbollah avaient littéralement opté pour une stratégie de harcèlement des blindés israéliens, tuant au total 19 membres d’équipage. Tsahal n’avait pas connu de telles pertes depuis la guerre de Kippour en 1973.
A l’inverse, lors de l’offensive « Plomb durci » menée contre le Hamas en janvier 2009, pas un des 140 tanks israéliens déployés sur le terrain n’a été détruit par les combattants islamistes, moins bien armés toutefois que le Hezbollah. Seul un membre d’équipage a été abattu par un sniper palestinien.
Désormais, le groupe Rafael, responsable du programme « Trophy », estime que ce système révolutionnaire est en mesure de faire face à n’importe quel type de missile anti-char, y compris les « Kornet » russes et autres projectiles téléguidés figurant dans l’arsenal du Hezbollah.
Rafael, à la tête d’un consortium alliant Israel Military Industries et Israel Aircraft Industries, travaille depuis de longues années à la mise au point d’un bouclier de protection pour les blindés de Tsahal. Plutôt que de servir de carapace passive, le « Trophy » est composé de plusieurs radars qui créent un champ magnétique et pulvérise les projectiles d’assaillants avant qu’ils n’atteignent leur cible.
Conçu pour les combats en zone urbaine, le système « Trophy » est monté sur les véhicules de combat lourds ou légers et peut s’activer à une distance très courte d’un tireur RPG. Il est également capable de détruire diverses charges explosives (« roadside bombs ») en détectant la fréquence des détonateurs. Utilisant la même technologie que le système anti-aérien « Iron Dome », le « Trophy » peut enfin identifier la trajectoire de missiles hostiles dès leur lancement.
D’ici 2012, il est supposé équiper la plupart des brigades de Merkava-4 de Tsahal. Actuellement, l’armée israélienne dispose de 250 tanks de ce type, mais l’INSS (Institut d’études pour la Sécurité nationale) estime que 300 autres exemplaires sont en passe d’être livrés dans les prochains mois. Mastodonte de 65 tonnes, le Merkava-4 coûte près de 5 millions de dollars.
Jusqu’ici, Rafael a toujours refusé d’indiquer la valeur du système « Trophy », mais d’après les experts, son prix unitaire avoisine les 200 000 dollars. Il intéresse au plus point l’armée américaine qui souhaite l’utiliser sur ses tanks « Abrams » et sur ses hélicoptères de combat « Apache Longbow ».
En 2007, le système israélien de défense anti-missile israélien a été sélectionné par le Pentagone parmi 15 autres systèmes à l’essai. L’IDA (Institute for Defense Analyses) avait procédé au préalable à plusieurs tests en Virginie. « Trophy » avait ainsi été jugé plus efficace et plus avancé technologiquement que le « Quick Kill » de l’industriel Raytheon.—
M.P
Ils pourraient en vendre à la Turquie... (sourires !)