04/02/10
National Review Online, 2 février 2010
Version originale anglaise: How to Save the Obama Presidency: Bomb Iran
Adaptation française: Johan Bourlard
Il n'est pas dans mes habitudes de prodiguer des conseils à un président dont j'ai désapprouvé l'élection, dont je crains les objectifs et dont je combats les choix politiques. Néanmoins, voici une idée qui permettrait à Barack Obama de sauver sa gestion calamiteuse tout en favorisant un tant soit peu la protection des États-Unis et de leurs alliés.
Si par sa personnalité, son identité et sa célébrité, Obama a ravi la majorité de l'électorat américain en 2008, ces qualités se sont avérées malheureusement insuffisantes en 2009 quand il s'est agi de gouverner. Il n'est pas parvenu à tenir ses promesses en matière d'emploi et de soins de santé; il a échoué en politique étrangère, dans ses déplacements d'ordre secondaire (ex. : l'accueil des Jeux Olympiques de 2016) et de premier plan (les relations avec la Chine et le Japon). Ses résultats en matière de lutte antiterroriste franchissent à peine le seuil du ridicule.
Ces piètres performances ont provoqué une chute sans précédent dans les sondages ainsi que la perte de trois élections partielles majeures, surtout celle, étonnante, d'il y a deux semaines, dans le Massachussetts, pour le Sénat. Les tentatives par lesquelles Obama cherche à « recadrer » sa présidence n'aboutiront probablement pas s'il se concentre sur l'économie, un domaine dans lequel il n'est qu'un acteur parmi d'autres.
Pour changer, auprès de l'opinion publique, son image d'idéologue au petit pied et maladroit, il a besoin de poser un geste fort, de préférence dans un domaine où les enjeux sont importants, où il peut prendre les commandes et aller au-delà des attentes.
Une telle opportunité existe bel et bien : Obama peut ordonner à l'armée américaine de détruire l'armement nucléaire iranien.
Les circonstances sont propices.
Premièrement, les agences américaines de renseignement sont revenues sur leurs estimations nationales saugrenues du renseignement, en 2007, qui déclaraient, avec « un haut degré de certitude », que Téhéran avait « arrêté son programme d'armement nucléaire ». Personne (hormis les dirigeants iraniens et leurs agents) ne nie que le régime s'emploie activement à la construction d'un arsenal nucléaire important.
Deuxièmement, si à Téhéran les dirigeants animés de visions apocalyptiques obtiennent la bombe nucléaire, ils rendront le Moyen-Orient encore plus instable et dangereux. Finalement, ils pourraient lancer sur les États-Unis une attaque à impulsion électromagnétique extrêmement dévastatrice. En mettant fin à la menace nucléaire iranienne, Obama protégerait le pays et enverrait un message aux amis et aux ennemis de l'Amérique.
Troisièmement, les sondages montrent depuis longtemps que les Américains sont en faveur d'une attaque des infrastructures nucléaires iraniennes.
![]() Les installations nucléaires situées à Qom (150 km au sud de Téhéran). Image satellite prise à 680 km du sol, le 26 septembre 2009, par GeoEye. |
Et si une forte majorité – 57, 52, 58, 61 et 61 pour cent – soutient déjà l'usage de la force, on peut présumer qu'après une première frappe, les Américains se grouperont derrière leur drapeau, faisant ainsi grimper le nombre encore plus haut.
Quatrièmement, une frappe américaine limitée à la destruction des installations nucléaires iraniennes, et ne visant pas un changement de régime, demanderait peu de troupes au sol et ferait relativement peu de victimes, ce qui rendrait cette attaque politiquement plus acceptable.
Tout comme le 11 Septembre a fait oublier aux électeurs les premiers mois d'errance de la présidence de George W. Bush, une frappe dirigée contre les installations iraniennes expédierait aux oubliettes l'incapacité qui a marqué cette première année de présidence Obama et transformerait la scène politique intérieure. Une telle frappe mettrait de côté la question des soins de santé, pousserait les républicains à travailler avec les démocrates, ferait hurler les "netroots" [militants politiques actifs sur internet], inciterait les indépendants à se raviser et ferait tomber les conservateurs en pâmoison.
Mais la possibilité d'agir bien et pour le mieux est passagère. Vu que les Iraniens améliorent leurs dispositifs défensifs et sont sur le point d'obtenir l'arme nucléaire, l'opportunité d'une réaction devient plus difficile. C'est donc maintenant qu'il faut agir sinon le monde deviendra rapidement, sous l'ère Obama, bien plus dangereux.
© Daniel Pipes