Liliane Messika © Primo 19 décembre 2008
Elle s’appelait Aicha Ibrahim Duhulow.
Elle avait treize ans.
Comme le petit chaperon rouge, elle était allée voir sa mère-grand à Kismaayo,
une petite ville voisine de son domicile.
Cela se passe en Somalie.
Comme l’héroïne des frères Grimm, Aicha s’est fait arrêter par le loup.
Les psychanalystes prétendent que le conte évoque l’accession à la sexualité
et que le loup est à prendre dans son sens figuré.
Aicha n’a pas eu cette chance.
Rien d’abstrait dans les trois brutes qui l’ont violée.
Rien d’incongru, à nos yeux d’Occidentaux, dans la démarche de l’adolescente et de sa famille,
qui sont allé porter plainte auprès de la milice Al Shabab qui contrôle la ville où a eu lieu le viol.
Normal de porter plainte ?
C’est ce que nous croyons car nous ne savons pas ce qu’est le règne de l’arbitraire et de la brutalité quand les autorités sont aux mains de milices qui se réclament de l’islam et appliquent une sharia interprétée à la « lumière » de leurs propres frustrations sexuelles.
Car les miliciens n’ont rien trouvé de plus approprié que d’accuser Aicha elle-même d’adultère.
D’adultère ? Elle était donc mariée ? Non, et alors ?
Il faut se représenter des brutes semi-débiles, camées et shootées au pouvoir absolu,
quand leur tombe entre les mains le cadeau d’une gamine violée.
À eux le pouvoir de renverser la charge du crime en statuant que l’homme, leur semblable, est tellement supérieur à la femme que s’il brutalise, viole ou tue cette dernière, c’est elle qui faut condamner. Au nom d’Allah.
En foi de quoi (au sens littéral et non figuré), Aicha a été lapidée à mort
et aucun des hommes qu’elle avait accusés de viol n'a été arrêté.
Précisément, on l’a enterrée vivante jusqu’au cou dans un trou creusé au milieu d’un stade et il s’est trouvé cinquante hommes adultes pour viser la tête qui dépassait du sol avec des pierres jusqu’à ce que mort s’en suive.
Ou c’est ce qu’ils croyaient.
On l’a donc déterrée, mais les infirmières mandatées pour constater le décès se sont,
à l’inverse, aperçu que le corps respirait encore.
Elle l’ont elles-mêmes replacée dans le trou afin que les cinquante courageux exécuteurs mènent leur travail jusqu’à sa bonne fin.
Le stade contenait un millier de spectateurs qui n’ont pas tous adhéré à l’exécution
avec l’enthousiasme que les miliciens espéraient.
Un spectateur a même tenté de venir en aide à la petite.
Il a été tué d’une balle. Il avait huit ans.
Les miliciens ayant la braguette qui les démangent, d’autres ''jeunes femmes'' craignant le sort d’Aicha auraient fui Kismaayo depuis le 27 octobre dernier, date de l’exécution de la gamine.
On se demande pourquoi cette crainte puisqu’un porte-parole de la milice Al Shabab
avait présenté des excuses pour la mort du jeune garçon et fait savoir que le milicien responsable serait sanctionné.
Etrangement, la presse française n’a pas évoqué ce « fait-divers ».
Pour ne pas désespérer le 9-3 ?
Liliane Messika © Primo 19 décembre 2008
Lire le communiqué d’Amnesty International
A LA QUESTION DE LILIANE MESSIKA, L'ON POURRAIT REPONDRE QUE LES JOURNALISTES FRANCAIS SE SONT FAIT LAPIDER LES COUILLES DEPUIS DEJA LONGTEMPS...DES VRAIS CHAPONS ET CONTENTS DE L'ÊTRE !